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Portraits de rencontres

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« L’art permet de s’exprimer autrement, de libérer ses tensions mais aussi de partager sa joie et son amour »

Lors du festival Dobimo, organisé par le centre culturel ŠKUC (@skuc_drustvo), nous avons rencontré Polona, marionnettiste, comédienne et organisatrice de festivals.

Polona s’estime chanceuse d’être artiste en Slovénie. Il y fait bon vivre et l’Etat soutient la culture. Toutefois, le récent changement de gouvernement l’inquiète. Le premier ministre coupe les fonds aux médias et le ministre de la culture aux artistes. « Je ne suis pas une artiste provocatrice. Je suis de l’eau tranquille. Mais certains artistes se voient refuser un statut d’intermittent ou manquent de le perdre, comme dans le cas du rappeur Zlatko. »

Ce soir là, elle interprétait avec sa sœur leur spectacle « Les Voisines » pour la première fois depuis un an et demi. Une pièce pleine d’humour sur un conflit de voisinage qui pose la question du vivre ensemble malgré les différences.

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Ratko est l’un des fondateurs du ZZ Quartet. Dans ce groupe de jazz, le guitariste est croate, le bassiste macédonien, le batteur slovène et l’accordéoniste italien. Loin d’être une source de discordes, ce mélange culturel est pour eux une grande richesse.


Fortement imprégné par la tradition jazz, le ZZ Quartet emprunte à des styles variés : musique traditionnelle indienne et balkanique, classique, rock, musique de film… « Nous ne voulons pas porter l’étiquette d’un style particulier », explique Ratko. Le résultat ? Quatre albums et des concerts live où l’improvisation crée des ponts entre les genres.


Les étiquettes, Ratko souhaite aussi s’en défaire en dehors de la scène. Les conflits qui ont eu lieu dans son pays, la Croatie, et dans les pays voisins n’affectent pas sa volonté de partage. « Il n’est pas question de pays, il est question de personnes. Je ne suis pas nationaliste. J’écris de la musique et j’aime que les gens soient heureux ensemble, c’est tout. »

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« J’ai grandi en Yougoslavie avec cette idée que nous sommes toutes et tous à égalité. »

Edna est la cheffe de chœur de Zbor Praksa, la chorale féminine antifasciste de Pula en Croatie.

Comme tous les ans, les chanteuses se produisent au rassemblement antifasciste de la ville de Srb (prononcer « Serbe »). Un événement très encadré par les forces de l’ordre en raison de la présence de groupes d’extrême droite qui ont perturbé la cérémonie à plusieurs reprises ces dernières années.
 
Le  chœur de Zbor Praksa est né en réaction aux mouvements sociaux qui ont agité la ville portuaire de Pula en 2014. « Je ne suis pas très douée pour parler, je suis meilleure chanteuse. J’ai voulu prêter ma voix au soulèvement qui avait lieu.» Ces militantes chantent les droits humains, défendent les travailleur.se.s et soutiennent les idées féministes. « C’est pour moi la mission la plus importante de la chorale. Nous voulons sensibiliser les gens à ces magnifiques chansons et leur partager ces textes qui sonnent encore si justes aujourd’hui. »

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Edna et le choeur Zbor Praksa à la cérémonie annuelle de commémoration antifasciste de Srb, Croatie

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« Je crois qu’ici, les gens disent ce qu’ils veulent, surtout les artistes. On peut agir politiquement sans en être tenu.e responsable. »

Pour Irma (@urms.b), la pratique artistique est une exploration. La danse est une découverte personnelle du mouvement et pas seulement la mise à contribution d'un corps pour la vision d'un.e chorégraphe.

Étudiante à l'Académie d'Arts de Banja Luka, elle est danseuse, artiste graphique et performeuse. Ses parents sont nés en ex-Yougoslavie. Elle, a grandi en Suède et revient aujourd’hui explorer ses racines en Bosnie-Herzégovine. Dans ces deux pays familiers, elle se sent toujours en décalage : à la fois chez elle et en même temps étrangère. Dans quel pays s’épanouir professionnellement ? « Ici, en Bosnie, tu ne peux pas exister seulement en tant qu’artiste. Tu ne peux pas en vivre financièrement. L’avantage, c’est que ça donne aussi une grande liberté pour faire ce que tu veux, de la manière dont tu le veux. »

« Je crois que la photographie me permet d’aller dans une direction un peu différente de ce dont on a l’habitude de voir ici. »

Tajana est une photographe et vidéaste née en Serbie qui vit aujourd’hui à Banja Luka en Bosnie-Herzégovine. Depuis dix ans, elle s’interroge sur des thèmes féministes comme le rapport au corps et la construction de la féminité. Particulièrement intéressée par la nudité devant la caméra, elle explore le style boudoir et cherche de nouvelles manières d’en révéler les forces. « J’aime présenter les corps tels qu’ils sont. Généralement, les photographes de boudoir ont tendance à sexualiser le corps féminin et je n’aime vraiment pas ça. »

Ce style de photographie n’est pas toujours bien perçu en Bosnie. Tajana a parfois été confrontée à des regards peu favorables. « C’est un gros tabou. On vit dans une société très conservatrice ici. Les gens n’y sont pas habitués. Quand tu fais quelque chose d’un peu différent de ce que fait tout le monde, on trouve ça bizarre. Même quand il ne s’agit pas de photos de personnes nues. »

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« Tout en Bosnie est à propos du passé. Et ça concerne l’art aussi. J’ai la sensation d’étouffer parfois. »


Nataša est une street artist et illustratrice de Banja Luka en Bosnie-Herzégovine. Comme d’autres jeunes artistes que nous avons rencontré.e.s, elle déplore l’omniprésence des discours sur la guerre d’ex-Yougoslavie dans son pays. Selon elle, cette rhétorique qui envahit l’espace médiatique et artistique est utilisée par les politicien.ne.s pour distraire la population de ce qui compte vraiment : l’économie du pays, les droits humains ou les problèmes de corruption.

Elle, préfère se concentrer sur les nouveaux horizons que son art lui permet d’imaginer. Avec ses peintures murales, elle veut rappeler aux gens la beauté qui se trouve dans leur quartier ou dans leur ville. Leur redonner de l’espoir. « Je veux trouver des choses dont les gens peuvent être fiers, leur donner envie de protéger ce qu’ils ont. Qu’ils prennent conscience que ça leur appartient, à eux, et pas au gouvernement. »

« Nous avons toujours fait de l’art à travers l’activisme et de l’activisme à travers l’art ».

Lidija est ingénieure du son et l’une des responsables de DKC INCEL (@dkcincel) un centre socioculturel établi dans une ancienne usine de cellulose à Banja Luka. Créée à la fin des années 90, cette ONG redonne vie à de grands bâtiments désertés. Aujourd’hui, le lieu prend de multiples formes : espace de répétition, salle de réunion, scène, bar… DKC INCEL veut permettre à chacun.e de pouvoir réaliser ses projets. « Nous avons construit notre propre système autonome afin d’inclure nos collaborateurs mais aussi nos invité.e.s ou les simples visiteurs et visiteuses. ».

Les initiatives fleurissent pour offrir au public des projections en plein air, des festivals et pour accueillir des événements activistes ou LGBT+.

Pour Lidija, il est encore difficile de s’exprimer de manière totalement libre en Bosnie. Pourtant, les choses ont déjà changé. Les membres de l’ONG entretiennent de très bonnes relations avec la police. « Nous avions peur que les forces de l’ordre aient des propos offensants. Nous étions surpris.e.s de leur professionnalisme. Certains ont même insisté pour participer à un atelier sur la littérature lesbienne serbe ! ».

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Tout est parti d’un grand terrain sauvage. Helena et Srdane ont acheté cet espace il y a dix ans, des idées plein la tête. Quand les deux ont entendu parlé de la permaculture, ils ont tout de suite embrassé cette démarche. Le couple a quasiment atteint une autonomie alimentaire. « Nous n’étions pas à l’aise avec l’idée d’être seul.e.s dans ce paradis. Alors on s’est dit : il faut que l’on partage ça avec d’autres gens ! », explique Srdane.

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Dimitri (@lomi_ga), ancien étudiant à l’Académie d’Arts, est un habitué. Il est en résidence à l’atelier d’imprimerie et s’essaye au mouvement de land art. Dans son pays, il peine à trouver les regards constructifs qu’il souhaiterait avoir sur son travail. Il apprécie d’autant plus les ressources et l’ouverture d’esprit de ce lieu.« En Bosnie, je ne vois pas de futur pour mon art. Tout est à propos du passé. Mon univers intérieur devrait être ailleurs, dans un endroit où les gens sauraient l’apprécier. »

Aujourd’hui, ce lieu est appelé Farma Transforma. Il est le théâtre d’expérimentations philosophiques et artistiques. Ici, on envisage d’autres approches de vie en collectif. La maison principale appartient à ceux qui y vivent en communauté : les propriétaires ont en effet signé une close ne leur permettant plus de prendre possession du lieu. C’est également tout un petit monde d’artistes qui se retrouve dans cet environnement naturel pour créer ou passer des moments conviviaux ensemble.

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« Travail, travail, travail. On est dans une école, pas dans un hôtel ».

Ici, les murs résonnent de l’aube jusqu’à tard dans la nuit. Dans sa maison, à l’entrée du village de Beica de Jos, au Nord de la Roumanie, Marcel enseigne la musique aux petits comme aux grands.

A cinq ans déjà, il jouait du violon et était la mascotte de son village. Aujourd’hui, il transmet sa passion à une cinquantaine d’enfants mais aussi à des adultes qui viennent de partout dans le monde pour suivre ses enseignements précieux. Loin d’un enseignement académique, il part de la curiosité de chacun pour transmettre les mélodies gitanes et roumaines qui le bercent depuis son enfance.

Fils d’un violoniste et luthier, petit-fils d’un joueur de bratsch (l’alto de Transylvanie) et de trompette, la création de son école lui permet de perpétuer sa tradition familiale. Pour lui, il est primordial de continuer à apprendre les vieilles chansons aux plus jeunes pour qu’elles continuent à sonner pour les générations à venir.

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"J’aimerais essayer de créer des spectacles où l’art est plus généreux, plus tourné vers le spectateur.”

Acteur, danseur, monocycliste, jongleur: Vlad a su jouer de ses multiples habiletés, se produisant et travaillant pour les théâtres indépendants, les théâtres nationaux ou les événements privés pour gagner sa vie. Ces dernières années, il a observé une croissance du nombre et de la variété des théâtres et des lieux indépendants en Roumanie. À Bucarest, le public qui assiste aux spectacles a changé lui aussi.

En parallèle de ses représentations, il prépare un doctorat sur l'art et les nouvelles technologies. Il souhaite explorer et mettre en avant les possibilités qu'elles offrent dans son domaine. Il croit en ces médias pour ouvrir de nouveaux horizons : “Généralement, les gens utilisent la technologie pour ce pour quoi elle a été conçue, au premier degré. Soyons plus créatifs avec la technologie pour qu’elle puisse nous donner quelque chose, nous offrir d’autres codes [sociaux], de nouveaux codes.”

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“Je n’appellerais pas cela de la musique tsigane. C’est un peu plus complexe.”

Simion Bogdan -Mihai est un musicien traditionnel et doctorant en littérature. Passionné par le folklore et la musique roumaine rom (ou tsigane), il continue de faire vivre la musique des Lăutari, ces musiciens roms professionnels ou semi-professionnels descendants d’esclaves et sédentarisés depuis longtemps en Roumanie. Au sein de son groupe de musique lăutar, il chante et joue de la cobza, un vieil instrument à cordes qui s’apparente à un luth.

Il se produit régulièrement lors de mariages, comme le faisaient ses ancêtres. Au programme : tango, musique russe, rumbas, musique paysanne roumaine traditionnelle, musique lăutari, café-chantant….“Ces genres étaient très populaires en Roumanie avant la Seconde Guerre Mondiale et l’arrivée des communistes”, explique Bogdan. Certaines chansons parlent d’amour, d’autres de monstres, de voleurs ou de géants à sept têtes… “ Traditionnellement, la musique lăutari, ce sont des gens riches qui boivent et des musiciens qui jouent dans un coin.” Rien à voir avec le spectacle que proposent Bogdan et son groupe lors de leurs représentations professionnelles. Véritable conteur – Bogdan est par ailleurs comédien – il capte toute l’attention des convives et irrigue le lieu de son énergie débordante.

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“Je veux mélanger la précision et la rigueur de l’Ouest avec la force du sang balkanique qui coule dans mes veines”, George.

À Bucarest, capitale de la Roumanie, nous avons rencontré Kiki, George, Teodora, Sven, Răzvan et d'autres, un groupe de dix jeunes comédien·ne·s qui défendent leurs valeurs à travers leur art. Leur prochaine création, intitulée Brainstorm, est chorégraphiée par Teodora et mise en scène par George. Iels y parlent d’adolescence, de ruptures entre les générations et de conflits avec son corps : des sujets estimés oubliés par leur société.

Devant leur local, iels nous expliquent combien il est difficile d’être artiste indépendant·e en Roumanie. Le peu de reconnaissance, aussi bien du public que du gouvernement et les soutiens financiers sont une denrée aussi rare qu’illusoire. Une aide a bien été versée aux artistes pour faire face à la crise sanitaire mais le gouvernement leur a demandé d’en rembourser la moitié quelques mois plus tard !

Ce contexte a failli avoir raison d’elles et eux. George avait prévu de quitter son pays mais les élèves de son école de théâtre l’ont convaincu de rester. C’est pour ces jeunes qu’il a imaginé cette pièce. “On est une équipe, on est très motivé·e·s, on a décidé de ne pas partir pour donner une chance aux jeunes artistes de notre pays et pour montrer à tous ce que la Roumanie a de beau.”.

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"Plamen, en Bulgare, ça veut dire le feu. Aujourd’hui, j’aime bien y voir une forme de destinée.” 

Plamen est artiste et directeur du FIRE theatre-art-culture FOUNDATION, une compagnie qui mêle mime, performances de feu, théâtre et arts du cirque. Le projet voit le jour en 1990, tout juste après la chute du bloc de l’Est. L’indépendance de la Bulgarie vient d’être proclamée et la FIRE FOUNDATION est l’une des premières compagnies indépendantes du pays. Plamen a toujours mis un point d’honneur à ce qu’elle le reste.

Pour cela, lui et son équipe varient les propositions : performances de feu aux décors majestueux, spectacles jeune public, projets culturels européens, création d’un centre artistique dans la nature, travaux visant l’intégration des Roms dans les villages aux alentours de Sofia, etc. Le point commun de tous ces projets ? La vague d’espoir qu’ils souhaitent propager. “Dans notre pays, les gens sont pessimistes. Avec nos spectacles, nous espérons les faire sortir de l’obscurité pour les guider vers la lumière. C’est un peu à la Star Wars mais tout le monde a le droit de rêver”. 

Aujourd’hui, la compagnie se concentre sur la jeunesse. Pour cela, elle accueille des jeunes de l’étranger en volontariat. Des jeunes qu’elle intègre du début à la fin de chaque création. Vicky, en volontariat, nous raconte : “Quand je suis arrivée ici, j’étais très timide et je confectionnais les costumes. Un jour, Plamen m’a proposé de monter sur scène. Je ne sais pas comment j’ai eu le courage de le faire mais j’ai adoré ça et depuis je n’ai pas arrêté et je n'arrêterai jamais”.

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“Sois subversif, particulièrement dans des sociétés patriarcales, comme c’est le cas dans les Balkans. Si tu veux atteindre les gens, tu ne peux pas aller frapper à leur porte, tu dois essayer de les approcher de manière plus subtile.”

Andrej est un enfant du théâtre. Depuis son enfance, il est sous le feu des projecteurs. En 2012, lors d’une représentation à l’école de comédie musicale de Belgrade, il se retrouve à prendre à la dernière minute le rôle d’un personnage féminin. Ce sera pour lui les prémices d’une longue carrière de drag queen, celle de son personnage : Dekadenca. Cela fait maintenant presque dix ans qu’elle pratique cet art hérité des États-Unis. L’univers du drag reste assez peu développé en Serbie et dans les autres pays des Balkans où elle se produit. 

Dans ses performances, Dekadenca explore ses différentes aptitudes : chant, costume, maquillage ou lip sync, l’art de bouger ses lèvres en synchronisation parfaite avec les paroles d’une chanson. Ces nombreux savoir-faire la nourrissent et alimentent son lien avec le public. Cette discipline est aussi un moyen pour Andrej de parler de sujets de société d’une manière moins directe tout en s’exprimant plus librement. “Être en marge de l’art, de la culture, de la société, c’est assez libérateur parce qu’il n’y a rien que je me dois absolument de faire. C’est le bon côté de ne pas faire partie d’un mouvement “mainstream” ici. Nous avons la liberté de créer comme nous le voulons.”.

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“Trop c’est trop, nous ne voulons rien de spécial, juste être considérées comme des personnes normales” (extrait du titre Enough).

Leur musique est un mélange de musique tsigane traditionnelle et de rap contemporain. Elles chantent en romani, en serbe et en anglais. Leurs morceaux parlent des droits des femmes et d’égalité. Chaque semaine, les membres du groupe Pretty Loud, originaires de Niš, dans le sud-est de la Serbie, répètent leurs morceaux et leurs chorégraphies. Un sujet prend une place centrale : le mariage précoce des jeunes filles roms. Une tradition que ces artistes cherchent à remettre en question. “Je compte vivre de ma propre façon : ne pas me marier trop tôt et avoir un travail à moi”, explique Andjela, l’une des membres du groupe.
 

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“À ma connaissance, Pretty Loud est le premier groupe constitué exclusivement de filles roms”, explique Albert, leur producteur. Véritable couteau-suisse, Albert endosse de nombreux rôles pour le groupe : coach artistique, compositeur, arrangeur, cadreur, monteur, etc. Il est un appui artistique, logistique mais aussi humain pour les artistes. “C’est comme un grand frère parfois”, expliquent les jeunes filles.

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Il faut dire qu’il connaît certaines des adolescentes depuis longtemps. Comme d’autres enfants roms de Niš, les membres de Pretty Loud se rendent régulièrement au GRUBB (Gypsy Roma Urban Balkan Beats), où travaille Albert. Ce centre éducatif possède plusieurs antennes en Serbie et propose gratuitement aux jeunes roms de l’aide aux devoirs, des cours supplémentaires et des projets artistiques. À Niš, les enfants du quartier s’y rendent dès leur plus jeune âge et y restent jusqu’à l’adolescence. C’est au sein de l’antenne du GRUBB à Belgrade, la capitale, qu’est né le projet Pretty Loud, en 2014.Tout est parti de la volonté de jeunes femmes de parler de sujets qui leur tenaient à cœur. Elles ont écrit des textes qui sont devenus des paroles de chansons. 

Depuis, le groupe de Belgrade s'est produit sur différentes scènes en Europe. Le projet Pretty Loud ne cesse de grandir et cherche à impliquer d’autres jeunes femmes roms. C’est maintenant celles de Niš qui reprennent les titres de leurs aînées de la capitale. Cet été, toutes les membres du projet Pretty Loud se sont rassemblées pour donner un concert explosif à Belgrade, à l’occasion du festival “I don’t understand Roma”.

Une chose est sûre, vous n’avez pas fini d’entendre parler d’elles.

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